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Claude Monet naît à Paris, le 14 novembre 1840.
Le dessin le passionne dès son plus jeune âge et sa famille ne s'oppose pas à sa vocation. C'est en plaçant des caricatures chez un papetier du Havre (où sa famille s'est installée en 1845) qu'il fait la connaissance d'Eugène Boudin, qui le prend sous sa coupe. Il commence ainsi à peindre d'après nature (ce qui n'était pas très répandu, alors), en extérieur. Ses premières toiles rencontrant un joli petit succès, il rejoint Paris et l'Académie Suisse où il rencontre Camille Pissarro.
Après son service militaire (interrompu pour cause de typhoïde, il rencontre le peintre hollandais Jongkind, qui formera son œil et complétera l'instruction déjà offerte par Boudin. Rebelle à la peinture académique, refusant le retour aux canons antiques, il quitte l’École Impériale des Beaux-arts de Paris, entraînant avec lui d'autres jeunes peintres, en mal de liberté : Bazille, Renoir et Sisley.
Il expose au Salon de la Peinture et de la Sculpture (officiel et classique) en 1865 et commence à peindre son « Déjeuner sur l'herbe ». C'est à cette même époque qu'il rencontre celle qui sera d'abord son modèle, puis sa femme et la mère de ses deux fils : Camille Doncieux. Ses nouvelles toiles peintes en lumière naturelle sont rejetées par le Salon, l'année suivante, et les nombreux refusés se voient aussi interdire la tenue d'un Salon des Refusés. Monet connaît une situation financière très délicate, qui le conduit même à faire une tentative de suicide en 1868. C'est souvent Frédéric Bazille, issu d'une riche famille protestante, qui subvient aux besoins de la famille Monet.
La guerre, déclarée en 1870, et la mort de Bazille sur les champs de bataille, conduit Monet à partir pour Londres. Il y découvre l’œuvre de Turner et sa manière de traiter la lumière. Il y fait également la connaissance de Paul Durand-Ruel, marchand d'art, qui sera désormais chargé de vendre les œuvres de Monet. Il poursuit sa fuite de France (et de ses obligations militaires) aux Pays-Bas où il découvre les estampes japonaises.
Durand-Ruel lui achetant une trentaine de toiles, il peut enfin s’installer sur les bords de Seine, à Argenteuil, et acquérir un bateau-atelier qui lui permet de peindre plus facilement.
C'est en avril 1874 que la Première Exposition des Peintres Impressionnistes (qui ne portent pas encore ce nom) est organisée dans l'atelier de Nadar, boulevard des Capucines. Monet y présente un paysage du port du Havre : « Impression, Soleil levant ».
Mais l'exposition ne trouve pas son public et termine par la faillite de l'association créée pour la mettre en place. De manière ironique, un critique nomme ces peintres des « Impressionnistes » dans le journal Charivari ! De la moquerie, à la gloire...
Pourtant, l'année suivante, Durand-Ruel organise la seconde exposition et public et critiques commencent à entrevoir cette nouvelle manière de peindre comme l’émergence d'un art véritable. Suite à cette exposition où il a présenté une petite vingtaine d'oeuvres, Monet est engagé pour travailler à la décoration du château de Rottembourg à Montgeron. Celui-ci est la propriété d'Ernest Hoschedé et de sa femme Alice, issue d'une riche famille Belge.
La troisième exposition Impressionniste qui reprend pour la première fois le terme que les peintres jugent juste, est un vrai succès, aussi bien publique que critique.
Les Monet et les Hoschedé (qui ont fait faillite) emménagent ensemble. La santé de Camille Monet est très fragile et elle s'éteint après de longues souffrances en 1879. Monet rompt alors avec les autres peintres et entre dans une période où sa peinture exprime sa tristesse.
En 1880, une exposition réunissant 18 de ses tableaux lui est entièrement consacrée. La reconnaissance publique et critique est au rendez-vous. Par ailleurs, les ventes lui permettent de solder toutes ses dettes.
L'année suivante, Monet et ses deux fils, Alice Hoschedé et ses cinq enfants s'installent tous ensemble à Poissy (l'immobilier y est moins cher). La liaison que Monet entretient avec Alice, alors qu'elle est toujours mariée, scandalise.
Après deux nouvelles expositions, notamment organisées par Durand-Ruel, Monet, Alice et les sept enfants déménagent pour la Normandie et s'installent à Giverny en 1883. Le peintre n'en partira plus, achetant quand il en aura les moyens (en 1890) la maison d'abord louée et le jardin attenant.
Jusqu'en 1890, il voyage en France et en Europe (notamment aux Pays Bas), peint beaucoup, change de marchand (il quitte Durand-Ruel pour le galériste Georges Petit), expose avec Auguste Rodin, assoie plus solidement sa réputation de « peintre moderne » jusque de l'autre côté de l'Atlantique !
1890 marque un changement dans l'oeuvre de Monet, avec l'apparition des séries. Si c'était parfois sous-jacent dans la décennie précédente, ça devient une manière de peindre, désormais. Il choisit un sujet et s'y atèle sous différentes lumières. Ainsi « Les Meules » comptent une vingtaine de versions. L'année suivante, ce sont « Les peupliers ». Dans les deux cas, des expositions sont organisées et rencontrent un fort succès. Les ventes sont aussi au rendez-vous.
1892 est marqué par les débuts de son travail sur la Cathédrale de Rouen et par son mariage avec Alice (devenue veuve l'année précédente). Ses toiles se vendant très bien et de manière plus régulière, il achète un terrain marécageux, face à sa maison à Giverny, que traverse une rivière. Il fait aménager le terrain, créé un jardin d'eau, fait creuser l'étang aux nymphéas. Passionné par le jardinage, il achetait des graines et des semences à chacun de ses voyages. Les enfants du couple participent également, grandement, à cette passion.
En 1896 et 1897, Monet cesse de voyager pour se consacrer à son jardin. Les Nymphéas et le pont japonais qu'il a fait ériger sur son bassin, sont au cœur de son travail. Alice ayant la douleur de perdre une de ses filles, Monet passe plus de temps avec elle et surtout l'emmène dans ses voyages picturaux. C'est ainsi qu'elle l'accompagne à Londres où il commence la série consacrée au Parlement. Si le public reste conquis, les critiques lui reprochent des formes trop estompées (dans la continuité de Turner qu'il admire) face aux nouvelles toiles de Cézanne, qui lui préfigure les Constructivistes et les Cubistes.
Les Nymphéas sont exposées à New York en 1901 où le succès est important et impacte toute une génération de peintres américains. Monet lui agrandit son jardin, le redessine et chacune de ces modifications structurelles de l'étang de Giverny, enrichit sa peinture, puisqu'il met sur la toiles ce qu'il construit souvent de ces mains, sur son terrain... Toujours avec Alice, il fait deux voyages à Venise et en rapporte de nombreuses toiles qu'il termine généralement en atelier. Ça sera sa dernière grande série, une double cataracte lui est diagnostiquée en 1912.
En pleine Première Guerre Mondiale, il travaille sur son ultime projet : de gigantesques panneaux décoratifs aux couleurs des Nymphéas. En novembre 1918, il en offre deux à Clémenceau qui vient de signer l'armistice. Les dernières années de sa vie sont consacrées à ses panneaux qui seront donnés à la France, avant même leur achèvement, pour créer ce qui sera le Musée Monet.
Claude Monet s 'éteint le 5 décembre 1926.
Lors de ses funérailles, Clémenceau, grand admirateur et grand ami du peintre, retira le drap funéraire qui recouvrait le cercueil du peintre en s'écriant : « Non ! Pas de noir pour Monet ! Le noir n'est pas une couleur ! ».
Monet est inhumé à Giverny. C'est son fils Michel qui hérite de toutes ses toiles et de Giverny, son frère étant décédé quelques années auparavant. A la mort de Michel qui n'a pas d'héritier, les toiles reviennent au Musée Marmottan où l'on peut, aujourd'hui encore, admirer la plus grande collection d'oeuvre du peintre, et notamment certains des panneaux qui ont occupés ses dernières années créatives.
(c) Natacha PELLETIER pour PASSION ESTAMPES
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